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affligée d’entendre juger faussement l’aristocratie. Elle avait alors engagé mademoiselle Villars et sa cousine à venir passer la saison à Paris, et s’était offerte à les introduire dans le monde, afin qu’elles pussent faire un peu de vérité sur la société française. C’est au moyen de cette idée que la Providence amena madame de Keradieu à être son instrument dans la destinée d’Annie.



IV

Le marquis Jacques d’Anguilhon, assis devant un large bureau Louis XV, le cigare entre les lèvres, un crayon rouge à la main, faisait le compte de ses dettes. L’expression tendue de son visage disait assez l’effort douloureux que lui coûtait ce travail. Lorsqu’il eut relevé les sommes inscrites sur son carnet de poche, celles d’un assez grand nombre de factures, il les additionna une fois, deux fois, écrivit le total en gros chiffres rageurs puis, ayant lancé son crayon loin de lui, jeté pêle-mêle dans un tiroir les documents odieux, il tourna son fauteuil en face de la cheminée, où brûlait un feu clair et, les jambes croisées, le regard fixé sur le foyer ardent, il parut bientôt absorbé dans se réflexions. La flamme alors l’éclaira artistiquement comme pour un portrait.

C’était bien un homme de grande race et achevé, selon l’expression do Frank Barnett. Toute sa personne donnait une impression d’extrême affine-