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V

Jacques portait un des plus beaux noms de France, un nom qui se trouve à chaque page des annales de la féodalité et de la monarchie, qui est cité par Joinville, Froissart, Saint-Simon, madame de Sévigné. Peu de familles possèdent d’aussi glorieuses archives que les d’Anguilhon. L’un d’eux, pendant la minorité de Louis XIII, avait eu une autorité presque royale. Leur fortune était arrivée à son apogée sous Louis XV, puis elle avait graduellement diminué et l’unique rejeton de leur brillante lignée ne possédait plus qu’un hôtel grevé d’hypothèques et un revenu dérisoire. La destinée de Jacques semblait devoir donner un démenti au dicton qui affirmait que « pour un d’Anguilhon, il y aurait toujours de la gloire, de l’amour et de l’argent. »

Dans la société moderne, il ne s’agit plus de servir le Roy mais l’humanité. Chacun doit payer de son intelligence et de son labeur. Il faut « piocher » selon l’expression qui rend si bien la lutte imposée aux hommes d’aujourd’hui « piocher », c’est-à-dire fouir, creuser pour découvrir quelque chose d’utile, de nouveau, pour arriver à la position et à la fortune. Le marquis n’était pas de la race des piocheurs. Intelligent seulement, il n’avait plus les grandes capacités de ses ancêtres. Le