Page:Lapicque - Recherches quantitatives sur l'excitation électrique des nerfs traitée comme une polarisation, 1907.djvu/14

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Dans l'appareil schématique qui nous sert de modèle, R est la somme des résistances du circuit extérieures aux armatures. Dans les expériences d'excitation du nerf (nous allons envisager uniquement le sciatique de la grenouille) ces résistances sont de trois espèces :

  • 1° la somme des résistances instrumentales du circuit d'excitation ;
  • 2° la résistance propre du segment de nerf interposé aux électrodes, le nerf étant considéré comme un conducteur électrolytique auquel peut s'appliquer la loi d'Ohm ;
  • 3° une résistance de membrane à l'anode, résistance de forme non définie, se comportant pour une partie comme une résistance de polarisation.

La somme de 1 et 2 est toujours beaucoup plus grande que 3. Un centimètre de nerf, pris au sens de 2, fait 50 à 60.000 ohms ; les électrodes impolarisables, comprises dans 1, dans les formes habituelles, font au moins autant; il y a en outre toujours des résistances additionnelles, parfois considérables. Dans les expériences de Weiss, la résistance totale du circuit était fréquemment de 800.000 ohms. En règle générale, dans les expériences d'excitation électrique du nerf, la résistance est de l'ordre de 10^(5), la résistance de membrane à l'anode est de l'ordre de 10^(4); on peut, par rapport à la somme totale, négliger ce qui, dans cette dernière résistance, est de la polarisation. Au total, nous avons donc pour R un certain nombre d'unités de l'ordre 10^(5) ohms. Dans l'appareil schématique, rho est la résistance de la communication entre les armatures du condensateur. Dans le nerf, c'est la résistance de la membrane en contact immédiat avec le cylindre-axe en face de la cathode ; c'est une partie seulement de la résistance de membrane dans cette région ; elle est inconnue, et varie (nous allons y revenir) avec la surface de contact de l'électrode, mais, suivant la conception physique que nous en avons exposée, elle a, dans des conditions données, une valeur parfaitement définie; elle est certainement, dans la généralité des cas, inférieure à une unité de l'ordre de 10^(4) ohms. R est donc beaucoup plus grand que rho.

  • 1° Nous allons d'abord examiner l'excitabilité pour une fermeture brusque du courant constant prolongé; la formule s'applique, en faisant t = infini ; exp(-t/beta) tend vers zéro, et V devient égal à alpha, c'est-à-dire à v*[(R + rho)/(rho)].

Influence des résistances. — R étant beaucoup plus grand que rho, (R + rho)/(rho) diffère peu de (R/rho); v et rho étant supposés constants, on voit que V sera à peu près proportionnel à R, c'est-à-dire que, si nous ajoutons ou retranchons des résistances (sans self) au circuit d'excitation, il faudra augmenter ou diminuer le voltage à peu près dans la proportion dont nous aurons augmenté ou diminué la résistance totale; c'est en effet ce qu'on observe.

Influence de la surface de la cathode. — On sait que la surface du contact de l'électrode active a une importance considérable; Du Bois-Reymond disait que l'excitation est fonction de la densité du courant, ce qui revient à dire que l'intensité nécessaire à l'excitation croît comme la surface de contact. Considérons la membrane qui introduit dans le circuit la résistance rho; cette membrane est un conducteur de longueur constante, mais de section variable;