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SUR LES NAISSANCES, LES MARIAGES.

sances, les mariages et les morts, dans toute l’étendue du royaume, pendant les années 1781 et 1782 ; il serait à désirer que les sexes y fussent distingués, comme ils le sont à Paris depuis 1745 ; mais on doit espérer que le gouvernement, convaincu de l’importance de ces résultats, leur donnera toute la perfection dont ils sont susceptibles.

Quoique les naissances soient la source de la population, elles ne suffisent pas cependant pour la déterminer : il faut connaître encore la durée moyenne de l’existence des hommes dans le lieu de leur naissance, quelles que soient les causes qui les en font disparaître ; car il est visible qu’à égalité de naissances un pays sera d’autant plus peuplé que les hommes y vivront plus longtemps ; ainsi, dans les contrées où, le nombre des morts étant sensiblement égal à celui des naissances, la population est à peu près constante, le nombre d’années qui exprime la durée moyenne de la vie est le vrai rapport de la population aux naissances annuelles ; c’est le facteur par lequel on doit multiplier celle-ci pour avoir la population. La détermination de ce facteur est le point le plus délicat et le plus intéressant de ces recherches ; voyons comment on peut y parvenir.

Les événements d’un même genre ont des causes uniformes et constantes, mais dont l’action peut être augmentée ou diminuée par mille causes variables qui produisent les irrégularités que nous attribuons au hasard dans la succession des événements. Ces irrégularités, en se compensant les unes par les autres, disparaîtraient dans une suite infinie d’observations qui ne laisseraient ainsi apercevoir que le résultat des causes constantes ; mais, dans un nombre fini d’observations, elles peuvent éloigner de ce résultat, d’autant plus que ce nombre est moins considérable. C’est à ces écarts qu’il faut attribuer les différences observées dans le rapport de la population aux naissances, et il en résulte la nécessité d’employer de grands dénombrements pour déterminer ce rapport. On choisira donc un grand nombre de paroisses dans toutes les provinces du royaume pour avoir un milieu entre les petites différences que les causes locales peuvent apporter dans les résultats ; on fera ensuite un dénombrement exact