Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 12.djvu/476

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que, si la Terre était entièrement formée d’eau, son aplatissement serait le coefficient du carré du sinus de la latitude, dans l’expression de la longueur du pendule à secondes, serait et la densité moyenne de la Terre serait neuf fois celle de l’eau. Tous ces résultats s’écartent des observations au delà des limites des erreurs dont elles sont susceptibles.

Si l’on suppose la Terre formée d’une substance homogène dans le sens chimique, dont la densité soit de celle de l’eau commune, et qui, comprimée par une colonne verticale de sa propre substance, égale à la millionième partie du demi-axe terrestre, augmente en densité de millionièmes de sa densité primitive, on satisfait à tous les phénomènes que je viens de citer. L’existence d’une telle substance est très admissible et il y en a vraisemblablement de pareilles à la surface de la Terre. Au reste, je suis loin d’affirmer que ce cas soit celui de la nature ; il est même probable, vu la grande variété des substances qui sont à la surface de la Terre, que, dans l’intérieur de cette planète, il en existe semblablement un grand nombre qui n’ont pu être disposées régulièrement autour de son centre de gravité que dans un état primitif de fluidité due à une chaleur excessive. Mais l’hypothèse d’une substance unique, dont les couches ne varient en densité que par la compression qu’elles éprouvent, n’offrant rien d’impossible, elle m’a paru digne de l’attention des géomètres.

Je suppose la température uniforme dans toute l’étendue du sphéroïde terrestre ; mais il est possible que la chaleur soit plus grande vers le centre, et cela serait ainsi dans le cas où la Terre, douée primitivement d’une grande chaleur, se refroidirait continuellement. L’ignorance où nous sommes de la constitution intérieure de cette planète ne nous permet pas de calculer la loi de ce refroidissement et la diminution qui en résulte dans la température moyenne des climats ; mais nous pouvons établir d’une manière certaine que cette diminution est insensible depuis deux mille ans.

Imaginons, dans un espace d’une température constante, une sphère douée d’un mouvement de rotation ; concevons ensuite qu’après un