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Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 12.djvu/493

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jour après le Soleil, ce qui suit d’un jour à peu près la syzygie. En l’ajoutant au demi-jour que la marée solaire est supposée employer à parcourir le canal, on aurait un jour et demi pour le temps dont le maximum de la marée suivrait la syzygie à son extrémité.

Concevons maintenant que le port soit au point de jonction de deux canaux, dont les embouchures soient très peu distantes entre elles. Supposons que la marée solaire emploie un quart de jour à parcourir le premier canal, et un jour et demi à parcourir le second. Il est clair que la basse mer solaire du premier canal correspond alors à la haute mer du second ; et si, à l’extrémité commune des deux canaux, les deux marées sont d’égale grandeur, la mer y sera stationnaire, à ne considérer que l’action du Soleil ; mais, le jour lunaire surpassant le jour solaire de la basse mer lunaire du premier canal ne correspondra point à la haute mer lunaire du second canal ; les deux flux partiels lunaires ne se détruiront point mutuellement, et leur différence pourra être augmentée par leurs mouvements propres dans les canaux ; il y aura donc un flux lunaire sensible à leurs extrémités. Le rapport de l’action solaire à l’action lunaire qui, dans le port de Brest, est à très peu près un tiers, sera donc nulle à cette extrémité. On voit par là que les circonstances locales peuvent influer considérablement sur le rapport des actions des deux astres sur la mer. J’ai donné, dans le Livre cité de la Mécanique céleste, une méthode pour déterminer par les observations l’accroissement que le rapport de l’action de la Lune à celle du Soleil reçoit des circonstances locales. En comparant les marées équinoxiales et solsticiales, observées à Brest, dans les syzygies et dans les quadratures, je fus conduit, par cette méthode, à un accroissement d’un dixième dans ce rapport ; mais je remarquai qu’un élément aussi délicat devait être déterminé par un plus grand nombre d’observations. L’ensemble des observations modernes m’a prouvé cet avantage. Ces observations, deux fois plus nombreuses que les anciennes, confirment l’accroissement dont il s’agit et le portent à un neuvième, en sorte que son existence est très vraisemblable. En appliquant à cet objet les formules de probabilité, je trouve que la