Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 13.djvu/233

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de à et il jugea que celle de la montagne est entre et ce qui donne à fort peu près pour la moyenne densité spécifique de la Terre.

M. Michell de la Société royale de Londres imagina un appareil propre à mesurer l’attraction de très petits corps, telles que des sphères en plomb de ou de rayon ; mais il ne vécu pas assez pour le mettre en expérience. Cet appareil fut transmis à M. Cavendish qui le changea considérablement pour éviter toutes les causes d’erreur dans la mesure d’aussi faibles attractions. La pièce fondamentale de l’appareil est la balance de torsion, que mon savant confrère Coulomb a inventée de son côté, qu’il a le premier publiée, et dont il a fait de si heureuses applications à la mesure des forces électriques et magnétiques. En examinant avec une scrupuleuse attention l’appareil de M. Cavendish et toutes ses expériences faites avec la précision et la sagacité qui caractérise cet excellent physicien, je ne vois aucune objection à faire à son résultat qui donne pour la densité moyenne de la terre. C’est le milieu de vingt-neuf expériences dont les extrêmes sont et Si l’on applique à ce résultat, les formules de ma Théorie analytique des probabilités, on trouvera qu’il y a une très grande probabilité que l’erreur est extrêmement petite. Ainsi, on peut, d’après ses expériences, confirmées par les observations faites sur le mont Shichallin, regarder la moyenne densité spécifique de la terre comme bien connue et à très peu près égale à ce qui confirme l’aperçu de Newton.

Ces expériences et ces observations mettent en évidence l’attraction réciproque des plus petites molécules de la matière, en raison des masses divisées par le carré des distances. Newton l’avait conclue du principe de l’égalité de l’action à la réaction, et de ses expériences sur la pesanteur des corps, qu’il trouva, par les oscillations du pendule, proportionnelle à leur masse. Malgré cette preuve, Huygens, fait plus qu’aucun autre contemporain de Newton pour bien l’apprécier, rejeta cette attraction de la matière de molécule à molécule et l’admit seulement entre les corps célestes ; mais, sons ce dernier rapport,