donc pour précipiter l’ellipsoïdale sur la planète. L’équilibre indifférent qui a lieu pour une sphère creuse enveloppant Saturne n’existe point pour une zone circulaire qui environnerait cette planète. J’ai fait voir, dans le Livre cité de la Mécanique céleste, que si les deux centres de l’anneau circulaire et de la planète ne coïncident pas, alors ils se repoussent, et l’anneau finit par se précipiter sur Saturne. La même chose aurait lieu, quelle que fût la constitution de l’anneau, s’il était sans mouvement de rotation ; mais si l’on conçoit qu’il n’est pas semblable dans toutes ses parties, en sorte que son centre de gravité ne coïncide point avec celui de la figure ; si, de plus, on suppose qu’il soit doué d’un mouvement rapide de rotation dans son plan, alors son centre de gravité tournera lui-même autour du centre de Saturne, et gravitera vers ce point comme un satellite, avec cette différence qu’il pourra se mouvoir dans l’intérieur de la planète ; il aura donc un état de mouvement stable. Ainsi les deux conditions dont je viens de parler concourent à faire voir que l’anneau tourne dans son plan, sur lui-même et avec rapidité. La durée de sa rotation doit être à peu près celle de la révolution d’un satellite mû autour de Saturne, à la distance même de l’anneau, et cette durée est d’environ dix heures et demi-e sexagésimales. M. Herschel a confirmé ce résultat par ses observations ; mais comment concilier ces observations et la théorie, avec les observations de M. Schroeter, dans lesquelles des points de l’anneau plus lumineux que les autres ont paru pendant longtemps stationnaires ? Je crois qu’on peut le faire de la manière suivante :
L’anneau de Saturne est composé de plusieurs anneaux concentriques ; de forts télescopes en font apercevoir deux très distincts, que l’irradiation confond en un seul dans de faibles télescopes. Il est très vraisemblable que chacun de ces anneaux est formé lui-même de plusieurs anneaux, en sorte que l’anneau de Saturne peut être regardé comme un assemblage de divers anneaux concentriques : tel serait l’ensemble des orbes des satellites de Jupiter, si chaque satellite laissait sur sa trace une lumière permanente ; les anneaux partiels doivent être, comme ces orbes, diversement inclinés à l’équateur de la planète : et