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Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 14.djvu/156

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l’on a rapporté toutes les expériences du pendule faites dans les divers lieux de la Terre.

Richer, envoyé, en 1762, à Cayenne par l’Académie des Sciences pour y faire des observations astronomiques, trouva que son horloge, réglée à Paris sur le temps moyen, retardait, d’une quantité sensible, à l’équateur ; il fut obligé d’en raccourcir le pendule de plus d’une ligne pour corriger ce retard, cette observation donna la première idée de la diminution de la pesanteur à l’équateur, diminution qu’il était cependant facile de prévoir d’après le mouvement déjà reconnu de la rotation de la Terre. Mais l’esprit humain, si actif dans la formation des systèmes, a presque toujours attendu que l’observation et l’expérience aient fait connaître d’importantes vérités, qu’un raisonnement fort simple eût pu faire découvrir ; c’est ainsi que la découverte des télescopes a suivi de près de trois siècles celle des verres lenticulaires, et n’a été due qu’au hasard ; c’est encore ainsi que l’aberration des étoiles, résultat fort simple du mouvement progressif de la lumière, a échappé aux savants célèbres du commencement de ce siècle et n’a été reconnue que par l’observation cinquante ans après la découverte de ce mouvement.

L’expérience du pendule a été faite avec beaucoup de soin, dans un grand nombre d’endroits, en tenant compte de la température et de la résistance de l’air. Il en résulte que la pesanteur augmente de l’équateur aux pôles, et que son accroissement qui, sous le pôle même, est égal à cinquante-cinq dix-millièmes de la pesanteur totale, suit à peu près la loi du carré du sinus de latitude. Une nouvelle mesure de la longueur du pendule à secondes, que Borda vient de faire à l’Observatoire national, avec une précision remarquable, lui a donné pieds lignes centièmes pour cette longueur réduite au vide, et rapportée à la toise de fer qui a servi à la mesure de la Terre à l’équateur, la température de cette toise étant degrés du thermomètre de Réaumur.

Je reviens présentement au choix du mètre. La longueur du pendule et celle du méridien sont les deux moyens principaux qu’offre la nature pour fixer l’unité des mesures linéaires. Indépendants l’un et l’autre