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Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 14.djvu/313

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sur la
vitesse du son dans l’air et dans l’eau[1].

Annales de Chimie et de Physique, t. III ; 1816.
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Newton a donné, dans le second Livre des Principes mathématiques de la Philosophie naturelle, l’expression de la vitesse du son : la manière dont il y parvient est un des traits les plus remarquables de son génie. La vitesse conclue de cette expression est plus petite d’environ un sixième que que celle qui résulte des expériences faites avec un grand soin, en 1738, par les membres de cette Académie. Newton, qui avait déjà reconnu cette différence par les expériences faites de son temps, a essayé de l’expliquer ; mais les découvertes modernes sur la nature de l’air atmosphérique ont détruit cette explication et toutes celles que divers géomètres avaient proposées. Heureusement ces découvertes nous présentent un phénomène qui m’a paru être la vraie cause de l’excès de la vitesse observée du son sur sa vitesse calculée : ce que la plupart des physiciens géomètres ont ensuite adopté. Ce phénomène est la chaleur que l’air développe par sa compression. Lorsqu’on élève sa température, sa pression restant la même, une partie seulement du calorique qu’il reçoit est employée à produire cet effet ; l’autre partie, qui devient latente, sert à dilater son volume. C’est elle qui se développe quand on réduit par la compression l’air ainsi dilaté à son volume primitif. La chaleur dégagée par le rapprochement de deux molécules voisines d’une fibre aérienne vibrante élève donc leur température et se répand de proche en proche sur l’air et les corps envi

  1. Lu à l’Académie des Sciences, le 23 décembre 1816.