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Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 14.djvu/340

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rement doués d’une propriété qui le rend extraordinaire lorsqu’il est tourné de manière que leurs plans soient perpendiculaires à l’axe du cristal, et qui le rend ordinaire lorsque ces plans sont parallèles au même axe. À son entrée dans le cristal d’Islande, un trait de lumière est divisé, par l’action du cristal, en deux rayons qui prennent respectivement les deux positions précédentes, et chaque rayon, à son émeri^ence, preiul, sans se diviser, la direction qui convient à la position de ses côtés. Voilà ce qu’on peut imaginer de plus satisfaisant pour se représenter ces phénomènes, jusqu’à ce que leur comparaison ait feit découvrir la loi des forces dont ils dépendent.

Quoi qu’il en soit de ces modifications singulières, imprimées aux rayons de lumière par le cristal d’Islande, M. Malus a reconnu qu’elles sont non seulement analogues dans les cristaux divers, mais encore parfaitement identiques. Ainsi, en substituant à l’un des deux cristaux d’Islande, dont nous avons parlé ci-dessus, un cristal de roche ayant comme lui sa section principale parallèle à celle de l’autre cristal, le rayon réfracté d’une manière par le premier cristal le sera encore de la même manière par le second, et l’expérience a fait voir à M. Malus que cela est généralement vrai pour deux cristaux quelconques de nature différente qui réfractent doublement la lumière. Le moyen le plus simple de s’en assurer est d’observer la lumière d’une bougie à travers deux prismes formés de ces cristaux ; si l’on fait tourner les prismes l’un sur l’autre, ou voit les quatre images qu’ils formaient d’abord se réduire à deux quand les sections principales des deux faces qui se touchent sont parallèles.

À ce fait remarquable M. Malus ajoute un autre fait plus remarquable encore et qui consiste en ce que, sous un certain angle, la lumière réfléchie par la surface d’un corps diaphane est exactement modifiée, comme si elle était rompue ordinairement par un cristal dont l’axe serait dans le plan d’incidence et de réflexion. Il est facile de s’en convaincre en regardant, à travers un prisme de cristal d’Islande, l’image d’une bougie ou du Soleil réfléchie par l’eau sous un angle d’environ On aperçoit d’abord deux images qui conservent