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Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 14.djvu/407

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s’adressaient à lui, lui durent et des encouragements et des lumières. Ce n’était pas seulement envers les sciences qu’il acquittait ainsi sa dette ; c’était envers tout ce qui était utile aux lettres. Le portrait de Racine était dans son cabinet à côté de l’image de Newton. Rien de ce qui pouvait servir à éclairer, à unir, à civiliser les hommes ne lui restait indifférent. C’est ainsi que nous l’avons vu longtemps entouré de tout ce qu’il y avait d’illustre par le talent et le savoir, et présidant, en quelque sorte, à la marche de l’esprit humain pendant cette période d’années. Fontenelle remarquait, dans le siècle dernier, que Newton avait eu le rare bonheur de jouir de sa réputation pendant sa vie ; M. de Laplace eut encore ce trait de ressemblance avec son illustre prédécesseur.

Ces occupations, si dignes d’un tel homme, ce respect dont il était entouré, ces grandes études qu’il suivait encore ne le détournèrent pourtant d’aucun des devoirs que lui imposaient ses fonctions dans l’ordre politique. Rapporteur, au Sénat, de quelques Commissions, il fut particulièrement l’organe de celle qui proposa d’abandonner le calendrier inventé par la Révolution, et auquel les auteurs avaient voulu, pour emprunter leurs expressions, imprimer le cachet moral et révolutionnaire qui le fît passer aux siècles à venir[1]. Beaucoup de distinctions successives furent le prix de cette coopération à beaucoup de travaux ; mais la plus grande des récompenses attendait M. de Laplace, en un autre temps, et l’époque arrivait où elle devait lui être accordée.

Cette époque. Messieurs, est celle de la Restauration. Le roi qui nous était rendu ne pouvait manquer d’honorer M. de Laplace, que toute l’Europe honorait. En 1814, il l’avait appelé à la Chambre des Pairs ; plus tard, il lui donna le grand cordon de la Légion d’honneur. Louis XVIII, sous ce rapport, était plus heureux que son auguste aïeul ; car Louis XIV, à l’époque de Turenne et de Luxembourg, allait chercher au dehors les disciples de Galilée, et le petit-fils de Louis XIV

  1. Moniteur, T. IX, p. 1186.