Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 4.djvu/27

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Terre fut la difficulté de concilier ce mouvement avec celui des corps terrestres détachés de sa surface et abandonnés à eux-mêmes. Dans l’ignorance des lois de la Mécanique, on était porté à croire que le spectateur devait s’en éloigner avec toute la vitesse due au mouvement de rotation de la Terre et à sa translation autour du Soleil. La connaissance de ces lois ne laisse maintenant aucun nuage sur cet objet ; mais elles font voir que l’effet de la rotation de la Terre sur le mouvement des projectiles, quoique très-peu sensible, peut le devenir par des expériences propres à le manifester. J’en expose ici l’analyse, qui s’accorde avec les expériences que l’on a déjà faites pour reconnaître le mouvement diurne de la Terre dans la chute des corps qui tombent d’une grande hauteur.

Après avoir examiné plusieurs cas dans lesquels le mouvement d’un système de corps qui s’attirent peut être exactement déterminé, je reprends la théorie des équations séculaires dues à la résistance d’un fluide éthéré répandu autour du Soleil, théorie que j’ai déjà considérée à la fin du Livre VII, mais que j’étends ici à un temps illimité. Cette résistance aurait lieu dans la nature si la lumière solaire consistait dans les vibrations d’un semblable fluide. Si elle est une émanation du Soleil, son impulsion sur les planètes et sur la Lune, en se combinant avec les vitesses de ces astres, produit dans leurs moyens mouvements une accélération dont je donne l’expression analytique ; mais cet eff’et est détruit par la diminution de la masse du Soleil, qui doit avoir lieu dans cette hypothèse. Alors, la force attractive de cet astre diminuant sans cesse, les orbes des planètes se dilatent de plus en plus, et leurs mouvements se ralentissent incomparablement plus qu’ils ne s’accélèrent par l’impulsion de la lumière. Les observations n’indiquant aucune variation dans le moyen mouvement de la Terre, j’en conclus : 1° que le Soleil, depuis deux mille ans, n’a pas perdu la deux-millionième partie de sa substance ; 2° que l’effet de l’impulsion de la lumière sur l’équation séculaire de la Lune est insensible. L’analyse de cet effet s’applique à la gravité, considérée comme produite par l’impulsion d’un fluide gravidique mù avec une extrême rapidité vers le corps