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Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 5.djvu/116

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caloriques émanés des corps environnants. Elle éteindra une partie de ces rayons ; mais il faudra, pour le maintien de la température, qu’elle remplace ces rayans éteints par son rayonnement propre. La molécule, dans tout autre espace à la même température, sera atteinte à chaque instant par la même quantité de rayons caloriques ; elle en éteindra la même partie, qu’elle remplacera par son rayonnement. Cette quantité est donc une fonction de la température, indépendante de la nature des corps environnants, et l’extinction sera le produit de cette fonction par une constante dépendante de la nature de la molécule ou du gaz. J’observerai ici que la quantité de rayons caloriques émanés des corps environnants, et qui forme la chaleur de l’espace, est, à cause de l’extrême vitesse que l’on doit supposer à ces rayons, une partie insensible de la chaleur contenue dans les corps, comme on l’a reconnu d’ailleurs par les expériences faites pour condenser cette chaleur. Maintenant j’observe que, chaque molécule du gaz étant supposée retenir par l’attraction son calorique, le rayonnement de ce calorique ne peut être dûqu’à la répulsion du calorique des molécules qui l’environnent. Quelle que soit la manière dont cette répulsion détache des parcelles du calorique de la molécule et la fait rayonner, il est visible que ce rayonnement sera en raison composée du calorique contenu dans les molécules environnantes et du calorique propre à la molécule. D’ailleurs cette raison composée est, comme on le verra dans la suite, proportionnelle à la pression qu’éprouve ce dernier calorique, pression à laquelle il est naturel de supposer le rayonnement de la molécule proportionnel [1]. Le calorique contenu dans les molécules environnantes est proportionnel au produit du calorique de chacune d’elles par leur nombre. Ainsi le rayonnement d’une molécule du gaz est proportionnel au produit du

  1. Dans un état d’immobilité parfaite des molécules du gaz, supposées sphériques, les molécules de leur calorique seraient pareillement immobiles. Mais cet état, mathématiquement possible, me paraît aussi impossible physiquement que l’équilibre d’une aiguille verticale appuyée sur sa pointe ; dans un fluide aussi mobile qu’un gaz, la plus légère agitation doit troubler l’équilibre des molécules et de leur calori(jue. Alors des parcelles du calorique de chaque molécule ne doivent-elles pas s’en détacher à chaque instant ? La figure des molécules peut encore avoir sur leur rayonnement une grande influence.