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Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 5.djvu/123

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que ces molécules elles-mêmes entrent en vibration comme si elles faisaient partie de l’atmosphère. Le progrès de la Physique et de la Chimie nous a fait connaître une force qui se développe dans les vibrations des gaz et qui augmente leur ressort. Cette force est la chaleur, et j’ai remarqué le premier que, en y ayant égard, on avait l’explication véritable de la différence observée. M. Poisson a développé ma remarque dans un savant Mémoire sur la théorie du son, inséré dans le Journal de l’École Polytechnique. Enfin, je suis parvenu au théorème suivant, que j’ai publié dans les Annales de Physique et de Chimie de l’année 1816 :

La vitesse du son est égale au produit de la vitesse que donne la formule newtonienne par la racine carrée du rapport de la chaleur spécifique de l’air sous une pression constante à sa chaleur spécifique sous un volume constant.

La première de ces deux chaleurs spécifiques surpasse la seconde : il faut employer une plus grande quantité de calorique pour élever de degré la température d’un volume d’air lorsqu’il reste soumis à la même pression que lorsqu’il est contenu dans le même espace, et c’est la raison pour laquelle il développe du calorique par le seul effet de la compression. Ainsi, le rapport précédent surpassant l’unité, il augmente la vitesse du son conclue de la formule de Newton. Pour déterminer par l’expérience ce rapport, il faut se rapprocher le plus qu’il est possible de ce qui a lieu dans les vibrations aériennes. La durée de la vibration d’une molécule d’air est au-dessous d’une tierce sexagésimale. Dans ce court intervalle, le calorique absolii de la molécule peut être supposé constant ; car il ne peut se perdre que par le rayonnement de la molécule ou par sa communication aux molécules voisines, et, pour rendre cette perte sensible, il faut un temps beaucoup plus long qu’une tierce. MM. Cléments et Desormes ont les premiers, par un procédé ingénieux, imité ce qui se passe à cet égard dans les vibrations de l’air. Ensuite, MM. Gay-Lussacs et Weller ont fait, par un moyen encore plus précis, un grand nombre d’expériences de ce