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Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 5.djvu/197

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LIVRE XIII.

ce point de vue, indiquent avec une grande probabilité l’existence de ce flux partiel. Elles établissent encore, sans aucun doute, que l’action de la Lune pour élever la mer à Brest est plus grande lorsque sa déclinaison est australe que lorsqu’elle est boréale, ce qui ne peut être dû qu’aux termes de l’action lunaire, divisés par la quatrième puissance de la distance.

On voit, par cet exposé, que la recherche des rapports généraux entre les phénomènes des marées et les actions du Soleil et de la Lune sur la mer supplée heureusement à l’impossibilité d’intégrer les équations différentielles de son mouvement et à l’ignorance des données nécessaires pour déterminer les fonctions arbitraires qui entrent dans leurs intégrales ; il en résulte une certitude entière que ces phénomènes ont pour unique cause l’attraction de ces deux astres, conformément à la loi de la pesanteur universelle.

J’ai insisté particulièrement sur le flux et le reflux de la mer, parce qu’il est de tous les effets de l’attraction des corps célestes le plus près de nous et le plus sensible ; d’ailleurs il m’a paru très-propre à montrer comment on peut reconnaître et déterminer, par un grand nombre d’observations même peu précises, les lois et les causes des phénomènes dont il est impossible d’obtenir les expressions analytiques par la formation et l’intégration de leurs équations différentielles. Tels sont les effets de la chaleur solaire sur l’atmosphère dans la production des vents alizés et des moussons et dans les variations régulières, soit diurnes, soit annuelles, du baromètre et du thermomètre.

Pour arriver à l’Océan, l’action du Soleil et de la Lune traverse l’atmosphère, qui doit, par conséquent, en éprouver l’influence et être assujettie à des mouvements semblables à ceux de la mer, mouvements dont j’ai donné la théorie dans le Livre IV. De là résultent des vents et des oscillations dans le baromètre, dont les périodes sont les mêmes que celles du flux et du reflux. Mais ces vents sont peu considérables et presque insensibles dans une atmosphère d’ailleurs fort agitée : l’étendue des oscillations du baromètre n’est pas de millimètre à l’équateur même, où elle est le plus grande. Cependant