Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 6.djvu/136

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célestes ramenés, jusque dans leurs plus petits détails, à une seule loi dont ils sont les développements nécessaires. Le mouvement de la Terre acquerra ainsi toute la certitude dont les vérités physiques sont susceptibles, et qui peut résulter soit du grand nombre et de la variété des phénomènes expliqués, soit de la simplicité des lois dont on les fait dépendre. Aucune branche des sciences naturelles ne réunit à un plus haut degré ces avantages que la théorie du système du monde, fondée sur le mouvement de la Terre.

Ce mouvement agrandit l’univers à nos yeux ; il nous donne, pour mesurer les distances des corps célestes, une base immense, le diamètre de l’orbe terrestre. C’est par son moyen que l’on a exactement déterminé les dimensions des orbes planétaires. Ainsi le mouvement de la Terre, qui, par les illusions dont il est cause, a pendant longtemps retardé la connaissance des mouvements réels des planètes, nous les a fait connaître ensuite avec plus de précision que si nous eussions été placés au foyer de ces mouvements. Cependant la parallaxe annuelle des étoiles, ou l’angle sous lequel on verrait de leur centre le diamètre de l’orbe terrestre, est insensible et ne s’élève pas à six secondes, même relativement aux étoiles qui par leur vif éclat semblent être le plus près de la Terre ; elles en sont donc au moins deux cent mille fois plus éloignées que le Soleil. Une aussi prodigieuse distance, jointe à leur vive clarté, nous prouve évidemment qu’elles n’empruntent point, comme les planètes et les satellites, leur lumière du Soleil, mais qu’elles brillent de leur propre lumière, en sorte qu’elles sont autant de soleils répandus dans l’immensité de l’espace, et qui, semblables au nôtre, peuvent être les foyers d’autant de systèmes planétaires. Il suffit, en effet, de nous placer sur le plus voisin de ces astres, pour ne voir le Soleil que comme un astre lumineux dont le diamètre apparent serait au-dessous d’un trentième de seconde.

Il résulte de l’immense distance des étoiles que leurs mouvements en ascension droite et en déclinaison ne sont que des apparences, produites par le mouvement de l’axe de rotation de la Terre. Mais quelques