Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 6.djvu/139

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

son écart de ce point n’a lieu que vers l’est, qu’il est proportionnel à la racine carrée du cube de la hauteur de la tour et au cosinus de la latitude, et qu’à l’équateur il est de 21mm,952 pour 100m de hauteur. On peut donc, par des expériences très précises sur la chute des corps, rendre sensible le mouvement de rotation de la Terre. Celles que l’on a déjà faites dans cette vue, en Allemagne et en Italie, s’accordent assez bien avec les résultats précédents ; mais ces expériences, qui exigent des attentions très délicates, ont besoin d’être répétées avec plus d’exactitude encore. La rotation de la Terre se manifeste à sa surface, principalement par les effets de la force centrifuge, qui aplatit le sphéroïde terrestre aux pôles et diminue la pesanteur à l’équateur, deux phénomènes que les mesures du pendule et des degrés des méridiens nous ont fait connaître.

Dans la révolution de la Terre autour du Soleil, son centre et tous les points de son axe de rotation étant mus avec des vitesses égales et parallèles, cet axe reste toujours parallèle à lui-même ; en imprimant à chaque instant aux corps célestes et à toutes les parties de la Terre un mouvement égal et contraire à celui de son centre, ce point restera immobile ainsi que l’axe de rotation ; mais ce mouvement imprimé ne change point les apparences de celui du Soleil ; il ne fait que transporter à cet astre, en sens contraire, le mouvement réel de la Terre ; les apparences sont par conséquent les mêmes dans l’hypothèse de la Terre en repos et dans celle de son mouvement autour du Soleil. Pour suivre plus particulièrement l’identité de ces apparences, imaginons un rayon mené du centre du Soleil à celui de la Terre ; ce rayon est perpendiculaire au plan qui sépare l’hémisphère éclairé de la Terre de son hémisphère obscur ; le point dans lequel il traverse la surface de la Terre a le Soleil verticalement au-dessus de lui, et tous les points du parallèle terrestre que ce rayon rencontre successivement en vertu du mouvement diurne ont à midi cet astre au zénith. Or, soit que le Soleil se meuve autour de la Terre, soit que la Terre se meuve autour du Soleil et sur elle-même, son axe de rotation conservant toujours une situation parallèle, il est visible que ce rayon trace la même courbe