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Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 6.djvu/267

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la théorie de la pesanteur, la plupart des astronomes la négligeaient. Cette théorie m’a fait voir qu’elle a pour cause l’aplatissement de la Terre. MM. Bürg et Burckhardt l’ont fixée, par un grand nombre d’observations, à 20″,987, ce qui répond à l’aplatissement , le même à très peu près que donne l’inégalité précédente du mouvement en latitude. Ainsi la Lune, par l’observation de ses mouvements, rend sensible à l’Astronomie perfectionnée l’ellipticité de la Terre, dont elle fit connaître la rondeur aux premiers Astronomes par ses éclipses.

Les deux inégalités précédentes méritent toute l’attention des observateurs ; elles ont sur les mesures géodésiques l’avantage de donner l’aplatissement de la Terre d’une manière moins dépendante des irrégularités de sa figure. Si la Terre était homogène, elles seraient beaucoup plus grandes que suivant les observations, qui, par conséquent, excluent cette homogénéité. Il en résulte encore que la pesanteur de la Lune vers la Terre se compose des attractions de toutes les molécules de cette planète, ce qui fournit une nouvelle preuve de l’attraction de toutes les parties de la matière.

La théorie, combinée avec les expériences du pendule et les mesures des degrés terrestres, donne, comme on l’a vu dans le Chapitre Ier de ce Livre, la parallaxe de la Lune, à très peu près conforme aux observations ; en sorte que l’on pourrait réciproquement conclure de ces observations la grandeur de la Terre.

Enfin, la parallaxe solaire peut être déterminée avec précision, au moyen d’une équation lunaire en longitude, qui dépend de la simple distance angulaire de la Lune au Soleil. Pour cela, j’ai calculé avec un soin particulier le coefficient de cette équation, et, en l’égalant à celui que MM. Burckhardt et Bürg ont trouvé par la comparaison d’une longue série d’observations, j’en ai conclu la parallaxe moyenne du Soleil de 26″,58, la même que plusieurs astronomes ont déduite du dernier passage de Vénus.

Il est très remarquable qu’un Astronome, sans sortir de son observatoire, en comparant seulement ses observations à l’Analyse, eût pu déterminer exactement la grandeur et l’aplatissement de la Terre, et sa