Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 6.djvu/353

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nous avons observé, dans le Chapitre VI, que la libration des trois premiers satellites de Jupiter est pareillement insensible. Il est très remarquable que ces librations, dont l’étendue est arbitraire et pourrait être considérable, soient cependant fort petites ; ce que l’on peut attribuer aux mêmes causes qui, dans l’origine, ont établi les conditions dont elles dépendent. Mais relativement aux arbitraires qui tiennent au mouvement initial de rotation des corps célestes, il est naturel de penser que, sans les attractions étrangères, toutes leurs parties, en vertu des frottements et des résistances qu’elles opposent à leurs mouvements réciproques, auraient pris à la longue un état constant d’équilibre, qui ne peut exister qu’avec un mouvement de rotation uniforme autour d’un axe invariable, en sorte que les observations ne doivent plus offrir dans ce mouvement que les inégalités dues à ces attractions. C’est ce qui a lieu pour la Terre, comme on s’en est assuré par les observations les plus précises ; le même résultat s’étend à la Lune et probablement à tous les corps célestes.

Si la Lune a été rencontrée par quelque comète (ce qui, suivant la théorie des chances, a dû arriver dans l’immensité des temps), leurs masses ont dû être d’une petitesse extrême ; car le choc d’une comète qui ne serait qu’un cent-millième de la Terre eût suffi pour rendre sensible la libration réelle de ce satellite, qui cependant n’a pu être aperçue par les observations. Cette considération, jointe à celles que nous avons présentées dans le Chapitre IV, doit rassurer les astronomes qui peuvent craindre que les éléments de leurs Tables ne soient changés par l’action de ces corps.

L’égalité des mouvements de rotation et de révolution de la Lune fournit à l’astronome qui veut en décrire la surface un méridien universel, donné par la nature et facile à retrouver dans tous les temps, avantage que n’a point la géographie dans la description de la Terre. Ce méridien est celui qui passe par les pôles de la Lune, et par l’extrémité de son grand axe, toujours à fort peu près dirigé vers nous. Quoique cette extrémité ne soit distinguée par aucune tache, cependant