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Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 6.djvu/360

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ceux qui, déjà mus dans sa direction, semblent se soustraire en partie à son activité.

La première de ces suppositions est, comme on l’a vu, un résultat nécessaire de l’égalité qui existe entre l’action et la réaction ; chaque molécule de la Terre devant attirer la Terre entière comme elle en est attirée. Cette supposition est confirmée, d’ailleurs, par les mesures des degrés des méridiens et du pendule ; car au travers des irrégularités que les degrés mesurés semblent indiquer dans la figure de la Terre, on démêle, si je puis ainsi dire, les traits d’une figure régulière et conforme à la théorie. Les deux inégalités du mouvement lunaire en longitude et en latitude, dues à l’ellipticité de la Terre, prouvent encore que son attraction se compose des attractions de toutes ses molécules ; enfin la même chose est démontrée pour Jupiter, par la grande influence de son aplatissement sur les mouvements des nœuds et des périjoves de ses satellites.

La proportionnalité de la force attractive aux masses est démontrée sur la Terre par les expériences du pendule, dont les oscillations sont exactement de la même durée, quelles que soient les substances que l’on fait osciller ; elle est prouvée dans les espaces célestes par le rapport constant des carrés des temps de la révolution des corps qui circulent autour d’un foyer commun aux cubes des grands axes de leurs orbites. L’action de la pesanteur n’est point troublée par les causes qui, sans changer la masse d’un système de corps, peuvent en altérer considérablement la constitution intime. Ainsi les effervescences, le développement des gaz, l’électricité, la chaleur et les combinaisons produites par le mélange de plusieurs substances contenues dans un vaisseau fermé n’altèrent son poids, ni pendant, ni après le mélange. On a pareillement observé qu’une lame d’acier, après avoir été fortement aimantée, conserve le même poids qu’auparavant ; l’égalité de l’action à la réaction et l’analogie nous prouvent que de semblables phénomènes, en se développant dans la Terre et dans tous les corps célestes, ne font varier leur force attractive que par les changements qu’ils produisent dans la position des molécules autour du