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Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 6.djvu/380

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s’élever, s’abaissent au-dessous du niveau ; mais la dépression est toujours en raison inverse du diamètre intérieur du tube ; cette dépression est d’environ 13mm pour le mercure, dans un tube de verre dont le diamètre de la cavité est de 1mm. Des tubes de marbre ou de toute autre matière offrent des résultats analogues aux précédents ; s’ils sont très étroits, les liquides s’y élèvent ou s’y abaissent réciproquement aux diamètres de leurs cavités.

Dans les tubes et généralement dans les espaces capillaires, la surface du liquide est concave lorsqu’il s’élève au-dessus du niveau ; elle est convexe lorsqu’il s’abaisse au-dessous.

Tous ces phénomènes ont lieu dans le vide comme en plein air ; par conséquent, ils ne dépendent point de la pression de l’atmosphère ; ils ne peuvent donc résulter que de l’attraction des molécules liquides les unes par les autres et par les parois qui les renferment.

L’épaisseur plus ou moins grande des parois n’a aucune influence sensible sur ces phénomènes ; l’élévation et la dépression des liquides dans les tubes capillaires sont toujours les mêmes, quelle que soit cette épaisseur, pourvu que les diamètres intérieurs soient égaux. Les couches cylindriques qui sont à une distance sensible de la surface intérieure ne contribuent donc point à l’ascension du liquide, quoique dans chacune d’elles, prise séparément, il doive s’élever au-dessus du niveau. Il est naturel de penser que leur action n’est point empêchée par l’interposition des couches qu’elles embrassent, et que les attractions de ce genre se transmettent à travers les corps, ainsi que la pesanteur ; l’action des couches sensiblement éloignées de la surface intérieure du tube ne disparaît donc qu’à raison de leur distance au liquide, d’où il suit que l’action des corps sur les liquides, comme sur la lumière, n’est sensible qu’à des distances insensibles.

Mais la force attractive agit d’une manière bien différente dans la production des phénomènes capillaires et dans la réfraction de la lumière. Ce dernier phénomène est dû à l’action entière des milieux diaphanes, et lorsqu’ils sont terminés par des surfaces courbes, on peut, comme on l’a vu, négliger l’action du ménisque que retranche un plan