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Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 6.djvu/426

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trône et de ses goûts, son fils Ptolémée Philadelphe les y fixa par une protection particulière. Il leur donna pour demeure un vaste édifice, qui renfermait un observatoire et cette fameuse bibliothèque, formée par Démétrius de Phalère, avec tant de soins et de dépenses. Ayant ainsi les instruments et les livres qui leur étaient nécessaires, ils se livraient sans distraction à leurs travaux, qu’excitait encore la présence du prince qui venait s’entretenir souvent avec eux. Le mouvement imprimé aux sciences par cette école et les grands hommes qu’elle produisit ou qui lui furent contemporains font de l’époque des Ptolémées l’une des plus mémorables de l’histoire de l’esprit humain.

Aristille et Timocharis furent les premiers observateurs de l’école d’Alexandrie ; ils fleurirent vers l’an 300 avant notre ère. Leurs observations sur la position des principales étoiles du zodiaque firent découvrir à Hipparque la précession des équinoxes, et servirent de base à la théorie que Ptolémée donna de ce phénomène.

Le premier astronome que cette école nous offre après eux est Aristarque de Samos. Les éléments les plus délicats de l’Astronomie paraissent avoir été l’objet de ses recherches ; malheureusement elles ne sont point parvenues jusqu’à nous. Le seul de ses Ouvrages qui nous reste est son Traité Des grandeurs et des distances du Soleil et de la Lune, dans lequel il expose la manière ingénieuse dont il essaya de déterminer le rapport de ces distances. Aristarque mesura l’angle compris entre les deux astres au moment où il jugea l’exacte moitié du disque lunaire éclairée. À cet instant, le rayon visuel mené de l’œil de l’observateur au centre de la Lune est perpendiculaire à la ligne qui joint les centres de la Lune et du Soleil ; ayant donc trouvé l’angle à l’observateur plus petit que l’angle droit, d’un trentième de cet angle, il en conclut que le Soleil est dix-neuf fois plus éloigné de nous que la Lune ; résultat qui, malgré son inexactitude, reculait les bornes de l’univers beaucoup au delà de celles qu’on lui assignait alors. Dans ce Traité, Aristarque suppose les diamètres apparents du Soleil et de la Lune égaux entre eux et à la partie de la circonférence, valeur beaucoup trop grande ; mais il corrigea dans la suite cette erreur ; car nous tenons d’Archi-