Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 6.djvu/43

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
27
LIVRE I. — CHAPITRE IV.


de ses conjonctions moyennes, est maintenant de 29j,530588716 ; elle est à l’année tropique à très peu près dans le rapport de 19 à 235, c’est à-dire que dix-neuf années solaires forment environ deux cent trente-cinq mois lunaires.

Les syzygies sont les points de l’orbite où la Lune se trouve en conjonction ou en opposition avec le Soleil. Dans le premier cas, la Lune est nouvelle ; elle est pleine dans le second. Les quadratures sont les points où la Lune est éloignée du Soleil de 100° ou de 300°, comptés dans le sens de son mouvement propre. Dans ces points, que l’on nomme premier et second quartier de la Lune, nous voyons la moitié de son hémisphère éclairé. À la rigueur, nous en apercevons un peu plus ; car lorsque l’exacte moitié se découvre à nous, la distance angulaire de la Lune au Soleil est un peu moindre que 100°. À cet instant, que l’on reconnaît parce que la ligne qui sépare l’hémisphère éclairé de l’hémisphère obscur paraît être une ligne droite, le rayon mené de l’observateur au centre de la Lune est perpendiculaire à celui qui joint les centres de la Lune et du Soleil. Ainsi, dans le triangle formé par les droites qui joignent ces centres et l’œil de l’observateur, l’angle à la Lune est droit, et l’observation donne l’angle à l’observateur ; on peut donc déterminer la distance du Soleil à la Terre en parties de la distance de la Terre à la Lune. La difficulté de fixer avec précision l’instant où nous voyons la moitié du disque éclairé de la Lune rend cette méthode peu rigoureuse : on lui doit cependant les premières notions justes que l’on ait eues du volume immense du Soleil et de sa grande distance à la Terre.

L’explication des phases de la Lune conduit à celle des éclipses, objet de la frayeur des hommes dans les temps d’ignorance, et de leur curiosité dans tous les temps. La Lune ne peut s’éclipser que par l’interposition d’un corps opaque qui lui dérobe la lumière du Soleil, et il est visible que ce corps est la Terre, puisque les éclipses de Lune n’arrivent jamais que dans ses oppositions, ou lorsque la Terre est entre cet astre et le Soleil. Le globe terrestre projette derrière lui, relativement au Soleil, un cône d’ombre dont l’axe est sur la droite qui joint les