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Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 6.djvu/437

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térées ; mais ce reproche n’est point fondé. Son erreur sur le mouvement annuel des équinoxes me paraît venir de sa trop grande confiance dans la durée qu’Hipparque assigne à l’année tropique. En effet, Ptolémée a déterminé la longitude des étoiles, en les comparant au Soleil par le moyen de la Lune, ou à la Lune elle-même, ce qui revenait à les comparer au Soleil, puisque le mouvement synodique de la Lune était bien connu par les éclipses ; or Hipparque ayant supposé l’année trop longue, et par conséquent le mouvement du Soleil par rapport aux équinoxes plus petit que le véritable, il est clair que cette erreur a diminué les longitudes du Soleil dont Ptolémée a fait usage. Le mouvement annuel en longitude qu’il attribuait aux étoiles doit donc être augmenté de l’arc décrit par le Soleil, dans un temps égal à l’erreur d’Hipparque sur la longueur de l’année, et alors il devient à fort peu près ce qu’il doit être. L’année sidérale étant l’année tropique augmentée du temps nécessaire au Soleil pour décrire un arc égal au mouvement annuel des équinoxes, il est visible que l’année sidérale d’Hipparque et de Ptolémée doit peu différer de la véritable ; en effet, la différence n’est que de celle qui existe entre leur année tropique et la nôtre.

Ces remarques nous conduisent à examiner si, comme on le pense généralement, le Catalogue de Ptolémée est celui d’Hipparque réduit à son temps, au moyen d’une précession d’un degré dans quatre-vingt dix ans. On se fonde sur ce que l’erreur constante des longitudes des étoiles de ce Catalogue disparaît quand on le rapporte au temps d’Hipparque ; mais l’explication que nous venons de donner de cette erreur justifie Ptolémée du reproche de s’être approprié l’Ouvrage d’Hipparque, et il paraît juste de l’en croire lorsqu’il dit positivement qu’il a observé les étoiles de ce Catalogue, celles même de sixième grandeur. Il remarque, en même temps, qu’il a retrouvé à très peu près les positions des étoiles qu’Hipparque avait déterminées par rapport à l’écliptique, et l’on est d’autant plus porté à le penser que Ptolémée tend sans cesse à se rapprocher des résultats de ce grand astronome, qui fut, en effet, bien plus exact observateur.