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Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 6.djvu/460

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intervalles des tons. Enfin, après dix-sept ans d’essais inutiles, ayant eu l’idée de comparer les puissances des distances avec celles des temps des révolutions sidérales, il trouva que les carrés de ces temps sont entre eux comme les cubes des grands axes des orbites, loi très importante, qu’il eut l’avantage de reconnaître dans le système des satellites de Jupiter, et qui s’étend à tous les systèmes de satellites.

Après avoir déterminé la courbe que les planètes décrivent autour du Soleil et découvert les lois de leurs mouvements, Kepler était trop près du principe dont ces lois dérivent pour ne pas le pressentir. La recherche de ce principe exerça souvent son imagination active ; mais le moment n’était pas venu de faire ce dernier pas, qui supposait l’invention de la Dynamique et de l’Analyse infinitésimale. Loin d’approcher du but, Kepler s’en écarta par de vaines spéculations sur la cause motrice des planètes. Il supposait au Soleil un mouvement de rotation sur un axe perpendiculaire à l’écliptique ; des espèces immatérielles émanées de cet astre dans le plan de son équateur, douées d’une activité décroissante en raison des distances et conservant leur mouvement primitif de révolution, faisaient participer chaque planète à ce mouvement circulaire. En même temps, la planète, par une sorte d’instinct ou de magnétisme, s’approchait et s’éloignait alternativement du Soleil, s’élevait au-dessus de l’équateur solaire, s’abaissait au-dessous, de manière à décrire une ellipse toujours située dans un même plan passant par le centre du Soleil. Au milieu de ces nombreux écarts, Kepler fut cependant conduit à des vues saines sur la gravitation universelle, dans l’ouvrage De stella Martis, où il présenta ses principales découvertes :

« La gravité », dit-il, « n’est qu’une affection corporelle et mutuelle entre les corps, par laquelle ils tendent à s’unir.

» La pesanteur des corps n’est point dirigée vers le centre du monde, mais vers celui du corps rond dont ils font partie ; et si la Terre n’était pas sphérique, les graves placés sur les divers points de sa surface ne tomberaient point vers un même centre.

» Deux corps isolés se porteraient l’un vers l’autre, comme deux