Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 7.djvu/157

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tions des globes de cet univers ? Si la seule différence des éléments et des climats met tant de variété dans les productions terrestres, combien plus doivent différer celles des diverses planètes et de leurs satellites ! L’imagination la plus active ne peut s’en former aucune idée, mais leur existence est très vraisemblable.

Nous sommes conduits par une forte analogie à regarder les étoiles comme autant de soleils doués, ainsi que le nôtre, d’un pouvoir attractif proportionnel à la masse et réciproque au carré des distances. Car, ce pouvoir étant démontré par tous les corps du système solaire et pour leurs plus petites molécules, il paraît appartenir à toute la matière. Déjà les mouvements des petites étoiles que l’on a nommées doubles, à cause de leur rapprochement, paraissent l’indiquer ; un siècle au plus d’observations précises, en constatant leurs mouvements de révolution les unes autour des autres, mettra hors de doute leurs attractions réciproques.

L’analogie qui nous porte à faire de chaque étoile le centre d’un système planétaire est beaucoup moins forte que la précédente ; mais elle acquiert de la vraisemblance par l’hypothèse que nous avons proposée sur la formation des étoiles et du Soleil ; car dans cette hypothèse, chaque étoile ayant été, comme le Soleil, primitivement environnée d’une vaste atmosphère, il est naturel d’attribuer à cette atmosphère les mêmes effets qu’à l’atmosphère solaire et de supposer qu’elle a produit, en se condensant, des planètes et des satellites.

Un grand nombre de découvertes dans les sciences sont dues à l’analogie. Je citerai comme une des plus remarquables la découverte de l’électricité atmosphérique, à laquelle on a été conduit par l’analogie des phénomènes électriques avec les effets du tonnerre.

La méthode la plus sûre qui puisse nous guider dans la recherche de la vérité consiste à s’élever par induction des phénomènes aux lois et des lois aux forces. Les lois sont les rapports qui lient entre eux les phénomènes particuliers : quand elles ont fait connaître le principe général des forces dont elles dérivent, on le vérifie soit par des expériences directes, lorsque cela est possible, soit en examinant s’il satisfait aux