Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 7.djvu/66

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sa surface, afin de rendre le résultat général indépendant des circonstances locales ; 2o à dénombrer avec soin, pour une époque donnée, les habitants de plusieurs communes dans chacun de ces départements ; 3o à déterminer, par le relevé des naissances durant plusieurs années qui précèdent et suivent cette époque, le nombre moyen correspondant des naissances annuelles. Ce nombre, divisé par celui des habitants, donnera le rapport des naissances annuelles à la population, d’une manière d’autant plus sûre que le dénombrement sera plus considérable. Le gouvernement, convaincu de l’utilité d’un semblable dénombrement, a bien voulu en ordonner l’exécution, à ma prière. Dans trente départements répandus également sur toute la France, on a fait choix des communes qui pouvaient fournir les renseignements les plus précis. Leurs dénombrements ont donné 2037615 individus pour la somme totale de leurs habitants au 23 septembre 1802. Le relevé des naissances dans ces communes, pendant les années 1800, 1801 et 1802, a donné :


Naissances. Mariages. Décès.
110312 garçons 46037 103659 hommes
105287 filles   99443 femmes


Le rapport de la population aux naissances annuelles est donc grand qu’on ne l’avait estimé jusqu’ici. En multipliant par ce rapport le nombre des naissances annuelles en France, on aura la population de ce royaume. Mais quelle est la probabilité que la population ainsi déterminée ne s’écartera pas de la véritable au delà d’une limite donnée ? En résolvant ce problème, et appliquant à sa solution les données précédentes, j’ai trouvé que le nombre des naissances annuelles en France étant supposé d’un million, ce qui porte sa population à 28352845 habitants, il y a près de trois cent mille à parier contre un que l’erreur de ce résultat n’est pas d’un demi-million.

Le rapport des naissances des garçons à celles des filles, qu’offre le relevé précédent, est celui de 22 à 21, et les mariages sont aux naissances comme 3 est à 14.

À Paris, les baptêmes des enfants des deux sexes s’écartent un peu