Aller au contenu

Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 9.djvu/101

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

inégalité des marées : or une théorie qui diffère à ce point de l’obscivation doit être entièrement abandonnée. Heureusement cela ne porte aucune atteinte au principe de la gravitation universelle, et il n’en résulte que la nécessité d’avoir égard, dans la détermination des oscillations de la mer, au mouvement de rotation de la Terre, et à ceux du Soleil et de la Lune dans leurs orbites. Cette recherche présente alors de bien plus grandes difficultés que celle de l’équilibre, et c’est vraisemblablement ce qui a déterminé les géomètres à se borner à ce dernier cas ; j’en excepte, cependant, MM. Euler et d’Alembert ; le premier de ces deux grands géomètres, après avoir fait sentir, dans sa pièce sur le flux et le reflux de la mer, la difficulté de soumettre à un calcul précis les oscillations des eaux de la mer et le peu de ressources que présentaient alors à cet égard l’Analyse et la théorie des fluides, s’est borné à déterminer ces oscillations dans l’hypothèse qui lui a paru la plus vraisemblable sur l’effort des eaux pour reprendre leur état d’équilibre lorsqu’elles s’en sont dérangées. C’est donc, à proprement parler, à M. d’Alembert qu’il faut rapporter les premières recherches exactes qui aient paru sur cet important objet ; cet illustre auteur s’étant proposé dans son excellent Ouvrage qui a pour titre : Réflexions sur la cause des vents, de calculer les effets de l’action du Soleil et de la Lune sur notre atmosphère, y détermine d’une manière synthétique et fort belle les oscillations d’un fluide de peu de profondeur qui recouvre une planète immobile, au-dessus de laquelle répond un astre immobile ; il cherche ensuite à déterminer ces oscillations dans le cas où, la planète étant toujours supposée immobile, l’astre se meut uniformément sur un parallèle à l’équateur, et il parvient, par une analyse aussi savante qu’ingénieuse, aux véritables équations de ce problème ; mais la difficulté de les intégrer l’a forcé de recourir à des suppositions qui en rendent la solution incertaine ; on trouvera dans ces recherches la solution rigoureuse de ce même problème, quelle que soit la densité du fluide et le mouvement de l’astre attirant dans l’espace. Au reste, je dois à M. d’Alembert la justice d’observer que, si j’ai été assez heureux pour ajouter quelque chose à ses excellentes Réflexions sur la