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sur les probabilités.

et le reflux de la mer est dû à l’attraction du Soleil et de la Lune, si approchante de la certitude, qu’elle ne doit laisser lieu à aucun doute raisonnable. Elle se change en certitude quand on considère que cette attraction dérive de la loi de la pesanteur universelle démontrée par tous les phénomènes célestes.

L’action de la Lune sur la mer est plus que double de celle du Soleil. Newton et ses successeurs n’avaient eu égard, dans le développement de cette action, qu’aux termes divisés par le cube de la distance de la Lune à la Terre, jugeant que les effets dus aux termes suivans devaient être insensibles. Mais le calcul des probabilités fait voir que les plus petits effets des causes régulières peuvent se manifester dans les résultats d’un très grand nombre d’observations disposées dans l’ordre le plus propre à les indiquer. Ce calcul détermine encore leur probabilité, et jusqu’à quel point il faut multiplier les observations pour la rendre fort grande. En l’appliquant aux nombreuses observations discutées par M. Bouvard, j’ai reconnu qu’à Brest l’action de la Lune sur la mer est plus grande dans les pleines lunes que dans les nouvelles lunes, et lorsque la Lune est australe, que lorsqu’elle est boréale, phénomènes qui ne peuvent résulter que des termes de l’action lu-