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essai philosophique

Un autre phénomène également remarquable du système solaire est le peu d’excentricité des orbes des planètes et des satellites, tandis que ceux des comètes sont très allongés, les orbes de ce système n’offrant point de nuances intermédiaires entre une grande et une petite excentricité. Nous sommes encore forcés de reconnaître ici l’effet d’une cause régulière : le hasard n’eût point donné une forme presque circulaire aux orbes de toutes les planètes et de leurs satellites ; il est donc nécessaire que la cause qui a déterminé les mouvemens de ces corps, les ait rendus presque circulaires. Il faut encore que les grandes excentricités des orbes des comètes résultent de l’existence de cette cause, sans qu’elle ait influé sur les directions de leurs mouvemens ; car on trouve qu’il y a presque autant de comètes rétrogrades, que de comètes directes, et que l’inclinaison moyenne de tous leurs orbes à l’écliptique, approche très près d’un demi-angle droit, comme cela doit être, si ces corps ont été lancés au hasard.

Quelle que soit la nature de la cause dont il s’agit, puisqu’elle a produit ou dirigé les mouvemens des planètes, il faut qu’elle ait embrassé tous ces corps, et vu les distances qui les séparent, elle ne peut avoir été qu’un fluide d’une