Page:Laplace - Essai philosophique sur les probabilités.djvu/241

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
233
sur les probabilités.

geste qui doivent l’accompagner. Un nouveau rôle succède-t-il au premier, celui-ci semble comme effacé de sa mémoire qui retrace dans l’ordre convenable toutes les parties du second rôle, et qui rappellerait de la même manière les divers rôles que le chanteur a étudiés. Ces traces dont le nombre est immense, ou du moins les dispositions propres à les faire naître, existent à la fois dans son sensorium sans se confondre, et l’acteur peut les rappeler à sa volonté. Je dois répéter ici, que par les mots trace, image, vibrations, etc., je n’entends exprimer que des phénomènes du sensorium, sans rien affirmer sur leur nature et sur leurs causes ; comme en mécanique, on n’exprime que des effets, par les mots force, attraction, affinité, etc.

Les opérations du sensorium et les mouvemens qu’il fait exécuter, deviennent plus faciles et comme naturels, par de fréquentes répétitions. De ce principe psychologique découlent nos habitudes. En se combinant avec la sympathie, il produit les coutumes, les mœurs et leurs étranges variétés. Il fait qu’une chose généralement reçue chez un peuple, est regardée par un autre avec horreur. Les combats de gladiateurs, dont les Romains aimaient passionnément le spectacle, et les sacrifices humains qui souillent les annales