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essai philosophique

impressions que d’autres objets font en même temps sur la rétine. Par elle, les images des choses que nous voulons comparer acquièrent l’intensité nécessaire pour que leurs rapports occupent seuls notre pensée. Elle réveille les traces de la mémoire qui peuvent servir à cette comparaison, et par là elle devient le plus puissant ressort de l’intelligence humaine.

L’attention donnée fréquemment à une qualité particulière des objets, finit par douer les organes d’une exquise sensibilité, qui fait reconnaître cette qualité lorsqu’elle devient insensible au commun des hommes.

Ces principes expliquent les singuliers effets des panoramas. Quand les règles de la perspective y sont bien observées, les objets se peignent sur la rétine, comme s’ils étaient réels. Le spectateur est donc alors dans l’état que ferait naître la réalité des objets. Mais la perspective n’est jamais assez exacte pour que l’identité soit parfaite. D’ailleurs, les impressions étrangères, quoique faibles, se mêlant aux sensations principales que produit la perspective, nuisent d’abord à l’illusion. L’attention donnée au panorama les efface ; mais il faut pour cela un temps plus ou moins long, dépendant des dispositions du sensorium et de la perfection du panorama. Dans tous ceux