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sur les probabilités.

vous n’en savez pas le chemin ; vous voulez guérir de l’infidélité, et vous en demandez le remède. Apprenez-le de ceux qui ont été tels que vous, et qui n’ont présentement aucun doute. Ils savent ce chemin que vous voudriez suivre, et ils sont guéris d’un mal dont vous voulez guérir. Suivez la manière par où ils ont commencé. Imitez leurs actions extérieures, si vous ne pouvez encore entrer dans leurs dispositions intérieures ; quittez ces vains amusemens qui vous occupent tout entier. J’aurais bientôt quitté ces plaisirs, dites-vous, si j’avais la foi. Et moi je vous dis que vous auriez bientôt la foi si vous aviez quitté ces plaisirs. Or c’est à vous à commencer. Si je pouvais, je vous donnerais la foi : je ne le puis, ni par conséquent éprouver la vérité de ce que vous dites ; mais vous pouvez bien quitter ces plaisirs, et éprouver si ce que je vous dis est vrai.

Il ne faut pas se méconnaître : nous sommes corps autant qu’esprit ; et de là vient que l’instrument par lequel la persuasion se fait, n’est pas la seule démonstration. Combien y a-t-il peu de choses démontrées ? Les preuves ne convainquent que l’esprit : la coutume fait nos preuves les plus fortes. Elle incline les sens

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