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sur les probabilités.

faire place à l’ordre le plus simple. Maintenant si entre ces urnes on en intercale de nouvelles dans lesquelles le rapport de la somme des boules blanches à la somme des boules noires qu’elles contiennent, diffère du précédent ; en continuant indéfiniment, sur l’ensemble de ces urnes, les extractions que nous venons d’indiquer, l’ordre simple établi dans les anciennes urnes sera d’abord troublé, et les rapports des boules blanches aux boules noires deviendront irréguliers ; mais peu à peu cette irrégularité disparaîtra pour faire place à un nouvel ordre qui sera enfin celui de l’égalité des rapports des boules blanches aux boules noires contenues dans les urnes. On peut étendre ces résultats à toutes les combinaisons de la nature, dans lesquelles les forces constantes dont leurs élémens sont animés, établissent des modes réguliers d’action, propres à faire éclore du sein même du chaos, des systèmes régis par des lois admirables.

Les phénomènes qui semblent le plus dépendre du hasard présentent donc, en se multipliant, une tendance à se rapprocher sans cesse de rapports fixes ; de manière que si l’on conçoit de part et d’autre de chacun de ces rapports, un intervalle aussi petit que l’on voudra, la probabilité que le résultat moyen des observations tombe