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LIVRE SECOND.
des mouvemens réels des corps célestes.

                                                  


Provehimur portù, terræque urbesque recedunt.
Virg. Eneid. lib. iii.


Si l’homme s’étoit borné à recueillir des faits ; les sciences ne seroient qu’une nomenclature stérile, et jamais il n’eût connu les grandes loix de la nature. C’est en comparant entr’eux les phénomènes, en cherchant à saisir leurs rapports ; qu’il est parvenu à découvrir ces loix toujours empreintes dans leurs effets les plus variés. Alors, la nature en se dévoilant, lui a présenté le spectacle d’un petit nombre de causes générales donnant naissance à la foule des phénomènes qu’il avoit observés ; il a pu déterminer ceux que les circonstances successives doivent faire éclore, et lorsqu’il s’est assuré que rien ne trouble l’enchaînement de ces causes à leurs effets, il a porté ses regards dans l’avenir, et la série des événemens que le temps doit développer, s’est offerte à sa vue. C’est uniquement encore dans la théorie du système du monde, que l’esprit humain, par une longue suite d’efforts heureux, s’est élevé à cette hauteur. Essayons de tracer la route la plus directe pour y parvenir.