Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/167

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« Il est évident que le naturalisme ne tient pas au choix des sujets ; de même que le savant applique sa loupe d’observateur sur la rose comme sur l’ortie, le romancier naturaliste a pour champ d’observation la société entière, depuis le salon jusqu’au bouge. Les imbéciles seuls font du naturalisme la rhétorique de l’égout » (Roman expérimental, p. 264). Diavolo ! maître, quelles autres preuves que celles dont fourmillent vos ouvrages faut-il vous fournir, pour vous prouver, non pas que vous êtes un imbécile, mais que vous leur donnez raison ? À quoi bon vous battre les flancs et vous mettre à la torture pour inventer un réel et créer une nature, qui sont, à la vérité du réel et de la nature ce qu’est le cadavre à un corps sain, le chancre à une chair vigoureuse, la laideur à la beauté. Encore si, dans votre champ d’observation, vous cultiviez parfois une plante morale, une fleur d’honnêteté, une de ces vertus nobles et grandes qui démontrent que l’homme n’a pas que des passions ignobles et honteuses, qu’il n’est pas qu’une exception tellement monstrueuse et commune qu’elle devient presque la règle générale, je pourrais croire que vous êtes de bonne foi et que vous êtes le premier la victime des erreurs et des dangers de votre système naturaliste. Mais non, les précautions que vous avez prises en voulant élever le roman à la hauteur d’une science expéri-