Aller au contenu

Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/193

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dix-sept ans, mais elle est très forte, on lui donnerait au moins vingt ans ; blonde, rose, figure parisienne, très éveillée, le nez légèrement retroussé, la bouche petite et rieuse, un petit trou au menton, les yeux bleus très clairs avec des cils d’or. Quelques taches de son qui reviennent l’été, mais très rares, cinq ou six sur chaque tempe, comme des parcelles d’or ; la nuque ambrée, avec un fouillis de petits cheveux sentant la femme, très femme. Un duvet léger sur les joues… Comme caractère moral : bonne fille, c’est ce qui domine tout. Obéissant à sa nature, mais ne faisant jamais le mal pour le mal et s’apitoyant. Tête d’oiseau, cervelle toujours en mouvement, avec les caprices les plus baroques. Demain n’existe pas. Très rieuse, très gaie. Superstitieuse, avec la peur du bon Dieu. Aimant les bêtes et ses parents. Dans les premiers temps très lâchée, très grossière, puis faisant la dame et s’observant beaucoup. Avec cela finissant par considérer l’homme comme une matière à exploiter, devenant une force de la nature, un ferment de destruction, mais cela sans le vouloir, par son sexe et par sa puissante odeur de femme. »

N’est-ce pas à la fois un acte de l’état civil, un parfait portrait et une excellente analyse psychologique ? Ouvrez le livre à n’importe quelle page et vous verrez s’agiter l’héroïne telle que l’a décrite le maître peintre. Nous sommes loin des Filles de marbre. Le ro-