Page:Laprade - Œuvres poétiques, Les Symphonies, 1878.djvu/101

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et faisant de mes pleurs que les humains dédaignent
Vos joyaux bien-aimés.

Le désert ! où Je puis ramasser votre manne,
Seigneur ! où votre loi
Rayonne dans l’éclair, ou de la fleur émane,
Et vient s’écrire en moi.

L’espoir coule à grands flots de ton sein, ô nature !
L’eau vive du rocher
Calmant les nobles soifs qu’une source moins pure
Ne saurait étancher.

Mon cœur maudit le monde et l’ennui m’en exile ;
Toute ma foi s’y perd ;
Le poëte, à qui Dieu te donna pour asile,
Ressuscite au désert.

Oui, je comprends toujours l’esprit de vos feuillages,
Arbres mélodieux !
Je trouve encor le sens des rapides images
Peintes au front des cieux.

Quand j’écoute chanter les nids et les fontaines,
Je suis heureux encor.
Entre les voix des mers et des forêts lointaines
Je démêle un accord.

J’aime encor, sur les flancs des montagnes désertes,
Sans songer au retour,