Page:Laprade - Œuvres poétiques, Les Symphonies, 1878.djvu/108

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De l’or ardent du soir, du bleu pur de la nuit.
Des roses de l’aurore ;

Ses pieds sont revêtus du frais émail des prés ;
Et ses flancs, pour ceinture,
Ont la chaste forêt où les chênes sacrés
Grandirent sans culture ;

Où le neigeux ravin, tout en fleur au printemps,
Nous offre un lit suave…
Mais le mont plein d’éclairs se hérisse, en tout temps,
De scorie et de lave.

Or, quand tout flot tarit, éternel réservoir,
Source où l’été s’abreuve,
ses grottes d’azur le glacier fait pleuvoir
L’eau mère du grand fleuve.

Telle est la froide cime : une vive lueur
Sur sa neige étincelle,
Et la fertilité coule avec sa sueur
Dès que son front ruisselle.

Ô mon cœur ! pour qu’en toi le sommet nourricier
Garde sa sève austère,
Sois donc ainsi ! pareil aux neiges du glacier
Plus qu’aux feux du cratère.