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Page:Laprade - Œuvres poétiques, Les Symphonies, 1878.djvu/127

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Ressuscités, chez vous, par ces nobles pinceaux
Qui prêtaient leurs couleurs à la beauté de l’âme.

Tes enfants n’auront plus la chère illusion
De ce portrait sacré devant qui l’œil ruisselle ;
Ta mère t’y sourit comme une vision,
Et du feu de ton cœur t’y garde une étincelle.

Ils ne sont plus, tous ceux dont l’esprit souverain
Pénétrait dans le marbre et le rendait sensible ;
Dont les doigts, en touchant ou la toile ou l’airain,
Faisaient jaillir une âme et briller l’invisible !

Ils sont bien morts ! et nul n’a suivi leur sentier.
Vers l’ignoble laideur l’homme se précipite ;
L’esprit s’est retiré de la chair décrépite ;
Et, l’idéal absent, l’art est mort tout entier.

Ah ! c’est là, c’est encore une auguste ruine,
Un grand culte expiré dont tu mènes le deuil,
Une mort que ce temps nie en son fol orgueil…
Dis adieu, pour toujours, à la beauté divine !


LA VIEILLE ARMURE

N’emporte pas ce fer ! laisse avec ces piliers
Crouler tes vieilles panoplies ;
Sous ces murs qu’animait l’esprit des chevaliers
Nous voulons être ensevelies.

Qu’importe à notre acier vos étuis de velours !
L’arme est faite pour la bataille.