Page:Laprade - Œuvres poétiques, Les Symphonies, 1878.djvu/140

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Chaque âme dans mon sein touche à toutes les âmes ;
Des bouts du firmament
J’assemble et je confonds les plus diverses flammes
Dans mon embrasement.

L’amour est, sous ma loi, pur de la jalousie
Qui l’empoisonne ailleurs ;
Il peut, sans rien ôter à l’idole choisie,
Se donner à plusieurs.

L’illusion si douce, ici-bas, t’est ravie ;
Tu vois partout le mal.
La mort conservera, mieux que n’a fait la vie,
Ton rêve d’idéal.

Viens, ô cœur fatigué, qui me craignis naguère,
Vois si je te trompais !
Repose-toi ! La vie est l’éternelle guerre,
Et moi je suis la paix.





II

LE FRUIT DE LA DOULEUR





Sur le versant pierreux d’un plateau du midi,
Respirant le soleil d’un hiver attiédi,
J’errais en longs détours ; les collines désertes
D’arbustes odorants étaient au loin couvertes.