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C’est là, de nos fronts purs, que l’aigle et la prière
S’élancent dans leur vol vers le soleil et Dieu.

Sur nos mille degrés qui mènent à son trône
Fleurissent les moissons dont ton âme a besoin ;
Recueille, en y passant, le fruit de chaque zone,
La vertu qu’il te faut pour atteindre plus loin.

D’abord nous donnerons la force à tes pieds frêles,
Puis le calme à ton cœur plein de trouble et de fiel ;
Puis à ton âme enfin tu sentiras des ailes,
Et l’aigle dépassé te cédera le ciel.

Là tu respireras l’éther incorruptible
Où germe toute chose, où s’allume le jour,
Et, par delà ce monde et l’univers visible,
Tes haines s’éteindront dans un immense amour.




I

FRANTZ.




Salut ! ô noirs sapins que les glaciers défendent !
Temple contre l’homme abrité,
Asile des vaincus, mes douleurs te demandent
Ta sauvage hospitalité.

Ici je n’entends plus gronder comme une injure
La voix des cités que je hais ;