Toi que je veux puiser à ces roches fécondes
D’où jaillit le grand fleuve, où l’aigle a fait son nid.
Toi qui meus l’univers en ta base immobile,
Ô force ; ô bien suprême, ô mère des vertus !
Viens rapporter le calme en mes flancs abattus :
L’homme reste agité quand son cœur est débile.
Ce repos que j’invoque, il n’appartient qu’aux forts ;
Eux seuls auront connu cette paix souveraine
Qui n’est point le sommeil, la torpeur où je dors ;
Eux seuls sont à jamais sans colère et sans haine.
Ici je sens mon âme et mon corps raffermis ;
J’aspire à pleins poumons la vie universelle ;
Un soleil créateur sur tout mon corps ruisselle.
Et, mieux prêt au combat, je n’ai plus d’ennemis.
Ici, la nature ouvre à mon nouveau courage
Un monde à conquérir sans y causer de pleurs
J’y suis fier d’arracher les cristaux et les fleurs
À ces sommets abrupts défendus par l’orage.
J’y sens, à chaque essor vers l’horizon vermeil,
À chaque halte au bout d’une cime élancée,
J’y sens la passion qui cède à la pensée
Comme un feu plus grossier éteint par le soleil.
Si tu veux briser tes chaînes,
Fuis au delà des grands chênes ;