Page:Laprade - Œuvres poétiques, Les Symphonies, 1878.djvu/203

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Et qui semblent de loin, tissu fauve et doré,
Des toiles de lin neuf qu’on blanchit sur le pré.

Dans l’air lourd plus de voix, hors le bruit des cigales
Frappant le ciel cuivré de leurs notes égales.
Entre les moissonneurs plus de joyeux propos ;
Il est temps que midi sonne enfin le repos.
L’œuvre languit ; la main, en essuyant la tempe
Retombe mollement avec l’eau qui la trempe.
Les yeux cherchent ; voici, travailleurs aux abois,
Que vous voyez venir, par le sentier du bois,
Les rouges tabliers, les corbeilles couvertes
D’un linge blanc qui luit entre les feuilles vertes,
Des cris ont salué l’espoir du gai repas.
Vers l’ombre, au bout du champ, chacun marche à grands pas ;
On s’assied. Les grands pains sont étalés sur l’herbe.
Le maître fait les parts, trônant sur une gerbe.
La fermière a servi les rustiques apprêts
Et rempli d’un vin clair les écuelles de grés.
Mais, déjà, sous le chêne où la mousse l’invite,
Pressant comme la soif, le sommeil descend vile.
Près de l’homme endormi, les marmots en éveil
Font leur moisson d’ivraie et de pavot vermeil.

Là, debout, lui montrant sa terre et sa chaumière,
Le fermier prend la main de la brune fermière.


FRANTZ.

Vois ces riches moissons ; vois sous ces flots de blé
Notre champ qui se dore :