Page:Laprade - Œuvres poétiques, Les Symphonies, 1878.djvu/213

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Que les pleurs ont débordé,
Il réconcilie.

C’est pour lui qu’on a semé,
Qu’on remplit la grange ;
Le pain blanc reste enfermé
Pour le petit ange.
C’est pour lui, joyeux garçon,
Que chacun dit sa chanson.
Pour lui qu’on vendange.


UN VENDANGEUR.

Fêtez les raisins mûrs ! venez de toutes parts,
Enfants ! Sur les tonneaux qui sonnent dans les chars
Grimpez, ô blonde fourmilière !
C’est votre fête à vous quand on cueille ce fruit ;
C’est le Jour du fou rire et des chants et du bruit…
Venez, ceints de pampre et de lierre.

Dansez, garçons joufflus, une grappe à la main ;
À la cuve, au pressoir ne manquez pas demain ;
Suivez la vendange à la trace.
Tendez l’écuelle au vin qui jaillit violet :
Le raisin doit donner, bientôt après le lait,
À boire au fils de bonne race.

Pour qu’il soit brave, un jour, à la guerre, au travail,
Mouillons, dès qu’il est né, sa lèvre de corail
D’un vin pur ; il faudra qu’il l’aime.
Le vin fait notre sang plus riche et plus joyeux.