Page:Laprade - Œuvres poétiques, Les Symphonies, 1878.djvu/218

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À table avec son maître, assis au même banc,
Il a sa bonne part du cidre et du pain blanc,
Servis des mains de la fermière.


CHANT DE LABOUR.

Plus loin ! creusez encore un plus vaste sillon,
Mes fiers taureaux, avant de rentrer à l’étable ;
Ma voix excite encor d’un paisible aiguillon
Votre lenteur infatigable.

Le travail presse, amis ! il faut qu’il dure encor
Il faut de l’héritage avoir atteint les bornes,
Avant que ce sommet cache le globe d’or
Qui luit en face entre vos cornes.

Retournons bien ce sol du levant au couchant,
Qu’il offre un lit fécond au grain que l’on y sème !
Je veux, pour de longs jours, fertiliser mon champ,
Avant de m’y coucher moi-même.


LES OISEAUX DE PASSAGE.

Plus loin toujours, ô laboureurs,
Poussez le soc de vos charrues ;
Plus loin, oiseaux avant-coureurs.
Lancez vos ailes dans les nues !
Voici l’hiver et ses horreurs ;
Passez, corbeaux, cygnes et grues.

Dans nos bois, où rôdent les loups,
Un vent noir déjà siffle et gronde.