Page:Laprade - Œuvres poétiques, Les Symphonies, 1878.djvu/233

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Si je n’en peux briser la porte,
J’y laisse après moi, chaque soir,
Pour prix des joyaux que j’emporte,
Le pain, la prière et l’espoir.

Un songe heureux vers toi m’appelle ;
Quatre saintes m’ont dit ton nom ;
Je sais qu’une fleur immortelle
Éclôt dans ton noir cabanon.

Je veux cueillir sur tes blessures
Les larmes du juste affligé,
Et, si mes mains sont assez pures.
Toucher à ton cœur soulagé.


KONRAD.

À d’aussi nobles mains un miracle est possible.
Mes fers peuvent tomber, ma prison peut s’ouvrir,
Mon flanc, qui saigne encor, devenir insensible…
Mais tu parais trop tard, mon cœur ne peut guérir.

Pour fuir de son cachot, mon âme n’a plus d’aile,
Je souffre de ma nuit sans désirer le jour ;
J’admire encor le bien, mais j’ai perdu son zèle,
Et je crois à ton Dieu, mais j’y crois sans amour.


ROSA.

Tu sais aimer, puisque tu pleures.
Tu sais prier, puisque tu crois !