Page:Laprade - Œuvres poétiques, Les Symphonies, 1878.djvu/256

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



UNE BRANCHE DE BRUYÈRE.

À vos pieds, sur cette mousse
Verte et douce,
Une bruyère est en fleurs
Bruyère aux couleurs de rose,
Où se pose
Chaque perle de vos pleurs.

Cueillez-y fidèle et franche,
Cette branche
Qui scintille à vos regards ;
Et, la baisant d’une lèvre
Tout en fièvre,
Vous la romprez en deux parts.

Puisqu’en ce jardin céleste
Nul ne reste,
Qu’on fuit et sans revenir,
Emportez-la tout humide.
Comme un guide,
Cette fleur du souvenir.

Ouvrez au bouquet fragile
L’Évangile,
Ce garant de votre espoir ;
Placez-le près d’une image,
À la page
Que vous lisez chaque soir.