Page:Laprade - Œuvres poétiques, Les Symphonies, 1878.djvu/260

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Par où fuira cette colombe ?
Le vent siffle et la neige tombe ;
Il est si loin, mon bien-aimé !

Ces pleurs, ces soupirs, ces long rêves,
Ces secrets venus de l’exil,
Vont-ils expirer sur ces grèves ?
Ces pleurs, ces soupirs, ces longs rêves,
Le vent les emportera-t-il ?

Irez-vous, comme une rosée,
Pleurs de l’amour, tribut constant,
Raviver cette âme épuisée ;
Irez-vous comme une rosée,
Jusqu’à la fleur qui vous attend ?

Il est parti le doux message ;
Je pleurais bien en l’écrivant ;
Dieu le guide, il s’est fait passage !
Il parviendra le doux message ;
Pleure encore en le recevant.

Pleure au fond de l’absence, ah ! pleure ; un jour peut-être.
Un jour, où les oiseaux chantent sur ta fenêtre,
Où quelque heureux message, écrit en plein soleil,
A frémi sous ta lèvre et sous ton doigt vermeil,
Où tu vas respirer, t’enivrant d’être aimée,
Un espoir de retour sur la page embaumée,
Le même jour, peut-être, en son lointain pays,
L’autre est tombé martyr des devoirs obéis ;
Seul, perdu, sans secours, là-bas il agonise,